jeudi 30 décembre 2010

Horror-Show

 
J'ai reçu hier soir, à mon retour de Normandie, un paquet contenant les huit nouvelles sélectionnées par le jury national du CROUS, sur le thème de la peur, concours auquel j'ai participé l'année dernière. Je suis arrivée 8ème sur la région du Nord... Bref, je peux maintenant la publier ici.

Horror-show

Francis Bacon, Study for a head of a screaming Pope, 1952

Il lui avait demandé de patienter mais elle ne l'avait pas écouté. Elle pénétra dans la salle pour échapper au froid, tandis qu'il faisait le tour du bâtiment. La jeune femme regretta bien vite son audace; La porte s'était refermée en silence derrière elle, ne laissant qu'un faible rai de lumière sous la porte. La pièce était maintenant plongée dans une profonde obscurité, et ses yeux ne parvenaient pas à discerner le moindre contour rassurant. Elle fit quelques pas, les mains tendues à la recherche d'un interrupteur. Il lui était difficile de se diriger. Il ne lui était pas même possible de se faire une idée du lieu dans lequel elle progressait à l'aveuglette. Hésitant entre la prudence et la curiosité, elle ne parvenait pas à se décider. Devait-elle continuer à avancer, ou bien attendre son retour? Il n'allait probablement pas tarder.

Néanmoins, le fait de rester inactive l'angoissait. Elle n'aimait pas être ainsi vulnérable, dépourvue de son sens le plus actif, la vue. Ses jambes esquissèrent un mouvement en avant, puis un autre, jusqu'à reprendre un semblant de marche. Ses mains palpaient l'air ambiant, s'élançant tantôt à droite, tantôt à gauche dans l'espoir – et la crainte – de rencontrer sous ses doigts un obstacle. Ses pas se firent un peu plus surs mais elle restait sur ses gardes, comme si elle s'attendait à tomber sur un monstre tapi dans l'ombre. Ses yeux scrutaient l'opaque obscurité, cherchant vainement la moindre lueur qui pourrait la guider. Elle continua à avancer, lentement, n'ayant pour guide que le bruit de ses pas se répercutant contre les murs. Elle n'avait jamais eu peur du noir, mais se retrouver ainsi, dans un lieu totalement inconnu, n'était pas pour la rassurer. Son imagination lui faisait entrevoir de fugaces images, des ombres effrayantes et silencieuses qui semblaient se mouvoir tout autour d'elle sans qu'elle puisse en saisir leur essence. Seule dans les ténèbres, elle pouvait sentir tout le poids de sa propre existence l'envahir. Le monde n'avait plus de réalité consistante sans lumière. Ses certitudes s'effondraient peu à peu à chaque pas qu'elle faisait.

Alors que ses pensées s'activaient à créer mille chimères invisibles, ses doigts rencontrèrent au cours de sa déambulation, une surface froide. La jeune femme s'arrêta au contact d'un corps étranger avant d'appréhender par tâtonnements l'objet inconnu. Les lignes étaient clairement dessinées et semblaient être rattachées au sol. Elle comprit qu'elle venait de heurter une table, ou du moins, tout support sur pieds, à hauteur d'homme. Les petites mains reprirent leur hasardeuse exploration, et s'attaquèrent au plateau de la table. Avec prudence, elles glissaient doucement sur le vernis du meuble. Elles butèrent bientôt sur un objet qui salua leur rencontre d'un léger tintement. Telle une aveugle, elle l'entoura de ses doigts, et remarqua qu'il s'agissait d'une chose ronde, composée de deux parties qu'elle pouvait ouvrir. Sans doute était-ce une petite boîte métallique. Elle dévissa le couvercle sans difficulté, et sentit une délicieuse odeur s'en échapper, lui rappelant quelques cosmétiques qu'elle utilisait. Elle referma la boite et la reposa avec prudence sur le comptoir avant de reprendre son expédition tactile. Ses mains, agissants pourtant avec précaution, renversèrent de petits objets qu'elle entendit rouler ou tomber le long de son parcours. Bientôt elles se cognèrent à quelque chose de beaucoup plus gros que tout ce que la jeune femme avait pu rencontrer jusqu'à présent. Ses doigts aveugles commencèrent à escalader et à palper la surface inconnue. C'était froid et en même temps, cela avait aussi une texture rugueuse qui n'était pas vraiment désagréable. Elle pouvait tirer légèrement dessus et sentait que la matière reprenait sa forme initiale. Il lui semblait que tout était en plis, en creux, en sillons, mais aussi flasque et élastique à la fois. Par moment, le matériau avait l'air différent, plus lisse et plus dur, comme le dos bombé de certaines petites cuillères en plastiques. De nombreuses pensées lui traversaient l'esprit à mesure qu'elle touchait ce qu'il y avait autour d'elle. La jeune femme associait les sensations qui lui parvenait à des expériences de la vie quotidienne. De petits flacons en plastique ou en verre, des boites de différentes tailles passaient sous ses doigts, non sans évoquer en elle les produits cosmétiques qu'elle utilisait le matin devant son miroir avant de partir au travail. Néanmoins, elle préféra se méfier de ce qu'elle manipulait dans l'obscurité. Elle ne savait pas ce qu'elle touchait réellement, et cela eut pu être quelques dangereux mélanges chimiques dans ces contenants. A cette simple idée, ses mains s'élevèrent à une certaine hauteur du plateau de la table, cherchant ainsi à éviter tout contact pouvant se révéler nocif pour elles. Perdues dans le vide atmosphérique, ces dernières se heurtèrent à une chose plus volumineuse lors de leur exploration aérienne. Elle ressemblait un peu à celle que la jeune femme avait découvert précédemment. Sa matière était identique, à la fois douce et froide, mais beaucoup plus lisse que l'autre. Celle-ci était néanmoins pourvue de creux, de trous, dans lesquels ses doigts s'enfonçaient involontairement. Un instant, elle s'imagina être Saint Thomas, incrédule, l'index dans la plaie christique. Cette réflexion lui arracha un frisson de dégout.
Au sommet de l'objet, ce qui semblait être une perruque. De longs filaments s'enroulaient autour de ses poings, comme de toiles d'araignées effilées. La chevelure se trouvait maintenue solidement au reste de l'objet. Était-ce une de ces têtes à coiffer? Néanmoins, si cela en était une, elle n'avait pas la consistance plastique habituelle. Son cœur commença à s'emballer, quand un flot de pensées dérangeantes et inquiétantes se pressèrent dans son esprit. Jusqu'à maintenant, sa raison avait su les repousser, mais depuis quelques minutes il lui semblait qu'elles étaient devenues de plus en plus nombreuses et puissantes. De noires idées ne cessaient de la harceler au fur et à mesure qu'elle progressait sur l'objet. Bientôt, comme un bouchon qui saute, la terreur s'empara d'elle. La jeune femme sentait l'obscurité se faire plus sombre encore, tandis que des êtres invisibles l'encerclaient en silence. Sa poitrine lui faisait mal sous les battements sourds de son palpitant. Elle sautait au moindre bruit à présent, scrutant en vain ce qui se présentait devant elle. Qu'y avait-il donc sur cette table? La peur lui faisait entrevoir n'importe quoi, surtout le pire. Sous ses doigts, elle vit une tête prendre forme: une tête hideuse, morte décapitée, qui l'observait de ses prunelles vides. Elle hurla en retirant vivement ses mains, et se recula, horrifiée. Dans son geste, elle se cogna à un autre meuble. Perdant l'équilibre, elle agita les bras pour se rattraper à quelque chose. Dans sa chute, elle entraîna un objet aussi haut qu'elle, sur lequel elle atterrit. La surface était molle, aux formes qu'elle reconnut rapidement. Ses mains agrippèrent les chairs, les hanches, la poitrine molle d'un être qui ne vivait plus. Peu importe ce qu'elle savait ou non, la jeune femme était devenue folle: tout lui paraissait humain, sans vie, horrible. La terreur la submergea. Elle n'arrivait plus à respirer. Ses poumons explosèrent dans sa poitrine pour relâcher un long et terrible cri.

Une vive lumière l'aveugla. La panique céda la place à la surprise, étouffant les dernières modulations de sa voix au fond de sa gorge. Cet étonnant rayonnement était semblable à certains effets cinématographiques. Un instant, elle se crut dans la peau d'un de ces héros tourmentés qui courent derrière une vérité recherchée ardemment, et qui ne s'aperçoivent qu'à la fin de la bobine, dans un flash lumineux, qu'elle était enfouie en eux durant toutes ces années. La grande révélation, celle qui soulage et rend fou à la fois, celle qui achève une vie et la fait regretter par la même occasion, voilà ce que subissaient ces héros de pellicules. Ses yeux étaient encore impuissants à voir, mais peu à peu, le violent contraste entre l'obscurité la plus totale et l'éblouissement blanchâtre s'estompa. Ses rétines endolories parvenaient à distinguer de vagues formes et des tâches de couleurs autour d'elle. Le tableau impressionniste qui se dressait devant elle devenait de plus en plus précis. Bientôt, elle put mettre un nom sur les objets qui l'entouraient. L'auteur de sa chute, une chaise de bureau, se trouvait à terre devant elle.

La lumière revenue, la jeune femme se sentait plus apaisée. Elle était en train de se relever quand une voix d'homme l'apostropha sévèrement:

« Qu'est ce que vous avez fichu!? Regardez les dégâts que vous avez fait! »

L'assistante tourna son visage aux joues empourprées vers le gardien, un type d'une cinquantaine d'années à la calvitie avancée, qui reprit de plus belle en roulant des yeux exorbités:

« Bon sang! Je vous avais dit d'attendre! Vous étiez si pressée de venir chercher ce costume? Les gars des effets spéciaux vont me tuer à cause de vous! »
La maladroite demoiselle esquissa un pas en arrière, se rendant compte qu'elle était en train de marcher sur une sorte de mannequin aux allures monstrueuses. Elle se baissa pour remettre en place l'objet qui lui avait servi de matelas dans sa chute. En parcourant la salle du regard, elle se mit à rire malgré les protestations de l'homme. Autour d'elle se dressaient des centaines de masques monstrueux en résine, de têtes abominables en silicone, d'accessoires de films d'horreur sur les tables froides qu'elle avait touché. Le gardien ne l'avait pas prévenu qu'ils devraient traverser le studio de réalisation des effets spéciaux pour rejoindre le local à costumes.
Ainsi, tous les regards qu'elle avait senti sur elle n'étaient rien d'autre que des orbites vides de créatures en plastique! Toutes les ombres entre-aperçues n'avaient été le fruit que de son imagination débordante! Tous les objets mystérieux qu'elle avait palpé n'étaient que des tubes de peinture, de maquillage et de matières propices à la conception de cicatrices et protubérances. Pendant un laps de temps bien court – mais qui lui avait parut une éternité – elle était redevenue une petite fille affolée, seule dans l'obscurité de sa chambre, s'attendant à voir surgir un monstre de son placard. Il avait suffi au gardien de remettre le courant dans le bâtiment pour que toute sa peur s'envole.

Pleinement rassurée, elle s'empressa d'aller chercher le costume qu'on lui avait demandé, sous l'œil courroucé de l'homme aux clés qui l'attendait dehors. Elle revint vers lui en trottinant, évitant de faire plus de désastres autour d'elle, et jeta un dernier regard à la pièce une fois arrivée sur le pas de la porte. Son esprit avait imaginé les pires horreurs, attribuant une vie à ces accessoires de cinéma. Avec un léger sourire, elle contempla la salle et s'attarda sur un masque qui semblait la fixer. Un léger frisson lui parcourut l'échine et un certain malaise s'empara de la jeune femme: cette monstrueuse figure ne venait-elle pas de lui adresser un clin d'œil? La nouvelle sursauta et tourna rapidement les talons, fermant la porte avec empressement.

Elle commençait à se demander si c'était vraiment une bonne idée que d'être assistante sur un plateau de films d'horreur...
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mercredi 22 décembre 2010

Retour à la maison

Et voilà, la grande escapade s'est achevée hier après-midi sous un ciel blanc, floconneux. J'ai traversé en train d'immenses plaines recouvertes de neige, saluées timidement par un soleil blanc. Ces courbes enneigées formées par le paysage semblaient abritées quelques nymphes assoupies, des géantes aux formes gracieuses.
J'ai mitraillé ces espaces recouverts de ce manteau blanchâtre, comme pour garder en souvenir cet événement éphémère...
Tout disparaîtra, mais au moins, aurons nous eu la chance d'avoir cette année un Noël blanc...

Joyeuses fêtes à toutes et à tous!
Persephone

jeudi 16 décembre 2010

Oil painting





Projet final en peinture... Bon, c'est pas du Lucian Freud, mais il est là, dans un coin de ma tête ^^ On n'oublies pas ses vieux classiques.

vendredi 10 décembre 2010

Les assiettes! Suite et fin! : )









Et voilà! Les sept Pin-up politiques sont achevées! Chacune a son petit "truc en plus" qui les rend attachante. Ma préférée reste celle des écolos qui me rappelle Poison Ivy dans l'univers de Batman, mais bon... ^^
Les assiettes sont aussi plus grandes que les premières. Elle font presque 30cm de diamètre, peinte à la main avec de la peinture pour céramique, mais aussi pour verre et faïence (d'où la transparence de certains coloris!). Le dessin a été fait au marqueur noir, et étrangement -et bonne surprise pour moi- cela tient! 

Bref, je suis encore en train de réfléchir à ce que je vais en faire après ma présentation vendredi prochain... Les vendre, les donner à des amis, les présenter à je-ne-sais-qui? Pas de réponse pour l'instant ^^

Installation du 06/12/10





Et voilà! J'ai ré-employé des sujets plus anciens tournant autour des Pin-Up pour réaliser cette installation éphémère. J'aurai pu pousser le vice plus loin en amenant des meubles, mais mon lit ne rentrait pas dans mon sac à dos. Bref... Voici le résultat! Un passage éclair dans la chambre bordélique d'une pin-up collectionneuse compulsive d'images de sa tribu!

mercredi 1 décembre 2010

Clem's polaroïds

Il y a de ces images, faîtes dans un moment anodin pour nous, qui ressurgissent un jour, apportant avec elles leurs flots de souvenirs qui nous submergent. Qui étais-je donc à cette époque? Je peine à me reconnaitre à présent.

Flyers

Ce sont des flyers réalisés dans le cadre de mon dernier sujet du semestre en pratiques graphiques. Pour ceux ou celles qui verront l'installation lundi matin, vous pourrez emporter votre petit papier pour chez vous ^^
Certains auront peut être aussi reconnu Bernie Dexter en haut à droite!

mercredi 24 novembre 2010

mardi 19 octobre 2010

Vieux travaux retrouvés...

 Le sujet est d'actualité, nan? 
J'ai repris la position pour les deux protagonistes du dernier plan (le CRS au bouclier anti-émeute levé, et le manifestant au sens interdit) des combattants de David, dans ce tableau "de grec pur" fameux: Les Sabines, 1799, huile sur toile, 385x522 cm, Louvre.


Juste une vilaine fille au passage...

Egarements...

"Bénissant d'un chaste baiser leurs fronts apeurés, les morts éveillés jettent sur mes lèvres, un regard désespèré. Ô âmes tourmentées, libérez-moi de votre tristesse; délacez ces liens qui me retiennent prisonnière parmi vous. Laissez-moi goûter une dernière fois les douceurs du printemps, avant que les affres de l'hiver ne m'engloutissent vraiment..." (10/10/10)


lundi 18 octobre 2010

Livre d'artiste - Avril 2010: Candy Ass et les Pin-up










Les Pin-Up du mois!










Il s'agit d'esquisses sur format raisin, réalisées dans le cadre d'un projet plastique pour la fac. Normalement, ces demoiselles devraient représenter les principaux partis politiques français et être peintes sur des assiettes blanches....